Née de parents marocains originaire de Taroudant , le 28 juin 1975 à Genk, Rachida El Garani une réalisatrice, scénariste et actrice belgo-marocaine incarne avec une grâce et une détermination remarquables la richesse des identités plurielles.
Celle, dont le cœur vibre aux couleurs chaleureuses du Souss Massa, a su transformer son héritage dual en une force cinématographique unique.
Son parcours est celui d’une femme qui, en bravant les difficultĂ©s, a choisi de raconter des histoires qui rĂ©sonnent avec une profonde humanitĂ©.
Si Rachida El Garani est nĂ©e et a grandi en Belgique, la ville de Taroudant, souvent surnommĂ©e « la petite Marrakech », n’a pas Ă©tĂ© qu’un simple point sur une carte.
C’est l’âme de sa famille, le berceau de ses racines paternelles et un lieu de ressourcement essentiel.
Ses Ă©tĂ©s d’enfance et ses visites rĂ©gulières dans la rĂ©gion du Souss Massa ont imprĂ©gnĂ© sa sensibilitĂ©.
Les paysages, les odeurs, les sons et la chaleur humaine de Taroudant ont constituĂ© une partie fondamentale de son imaginaire, qu’elle transportera plus tard dans son travail de crĂ©ation.
Son œuvre relie le Maroc et la Belgique. Elle parle d’identité, de migration, de dignité.
Cette double appartenance n’est pas toujours un long fleuve tranquille.
Elle évoque elle-même la difficulté de devoir constamment « faire ses preuves » des deux côtés de la Méditerranée.
Au Maroc, on pouvait parfois la percevoir comme une Ă©trangère ; en Belgique, son identitĂ© marocaine la plaçait face Ă d’autres dĂ©fis.
C’est prĂ©cisĂ©ment de cette tension fĂ©conde, de ce statut de « pont entre deux cultures« , qu’elle a tirĂ© la substance de ses films, cherchant Ă explorer les thèmes de l’identitĂ©, de l’appartenance et de la mĂ©moire.
Le chemin de Rachida El Garani vers le cinĂ©ma n’a pas Ă©tĂ© tracĂ© d’avance.
Avant de trouver sa vocation, elle a connu une période de grande précarité. À 18 ans, elle subit un mariage forcé. La violence conjugale la brise, puis elle s’enfuit en Belgique .Dans cette adversité, elle a puisé une force incroyable. Le cinéma lui est apparu comme une évasion, puis comme une nécessité vitale, une manière de donner un sens à ses expériences et une voix à ceux qui, comme elle, ont connu la marginalisation.
Sa rencontre avec le monde du théâtre fut un premier dĂ©clic. Elle suit des ateliers et dĂ©couvre le pouvoir de la narration. PoussĂ©e par cette passion nouvelle, elle dĂ©cide de reprendre ses Ă©tudes et s’inscrit au RITCS ,Royal Institute for Theatre, Cinema and Sound, dĂ©partement Arts dramatiques et techniques audiovisuelles de l’Erasmushogeschool Brussel.
C’est le dĂ©but d’une mĂ©tamorphose : de la rue aux plateaux de tournage, elle engage un combat personnel pour transformer son destin par l’art.
Le cinĂ©ma de Rachida El Garani est un cinĂ©ma de l’humain, souvent situĂ© Ă la lisière du documentaire et de la fiction. Elle s’intĂ©resse aux invisibles, aux laissĂ©s-pour-compte, et aux complexitĂ©s de la condition humaine, particulièrement celle des femmes et des jeunes.
Son film de fin d’études, Into Darkness (2015),documentaire, est tourné à Taroudant. Une famille y affronte la cécité et la pauvreté, la tête haute. Le film est sélectionné à l’IDFA et lui vaut une VAF Wildcard, sésame majeur pour continuer à créer. Il sera diffusé ensuite et commenté dans les médias. La voie est ouverte.
En 2023, elle signe Rachid (2023), court métrage de fiction. Un jeune Belge d’origine marocaine cherche un premier job. Débrouille, humour, préjugés. La mise en scène est vive. Le casting mêle visages connus et talents émergents. Le film circule. Les sélections s’enchaînent. Le regard, lui, reste humain et frontal.
Rachid remporte Ă Louvain le Prix de la Presse et le Prix du Public. Il dĂ©croche le Grand Prix du court au Festival national du film de Tanger 2024. En Espagne, il gagne le Meilleur court mĂ©trage international au Festival d’AlmerĂa. D’autres distinctions suivent en Europe et en Afrique. Un parcours qui confirme une signature.
Son long-métrage documentaire In My Father’s House est en gestation. Le film ausculte la mémoire familiale, l’exil, l’autorité paternelle, les non-dits. Le projet a déjà été primé en plateforme professionnelle (Durban FilmMart) et a reçu invitations et soutien pour la suite de son développement. Là encore, elle transforme la blessure en récit.
Le parcours de Rachida El Garani n’est pas qu’une success story. C’est une invitation Ă regarder nos propres Ă©preuves non comme des fins, mais comme des commencements. Ă€ embrasser nos identitĂ©s multiples – professionnelle, familiale, culturelle – comme une force, et non comme une faiblesse. Ă€ comprendre qu’il n’est jamais trop tard pour recommencer et trouver sa voie.
Elle nous rappelle que nos vies, avec leurs fractures et leurs espoirs, mĂ©ritent d’ĂŞtre racontĂ©es. Parce qu’en racontant son histoire, elle raconte aussi un peu la nĂ´tre. Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce qui fait la puissance de son cinĂ©ma.
Rachida El Garani est bien plus qu’une rĂ©alisatrice ; elle est une conteuse d’histoires, une archĂ©ologue de la mĂ©moire et une bâtisseuse de ponts.
De Bruxelles Ă Taroudant, elle puise dans la richesse de ses deux cultures pour crĂ©er des Ĺ“uvres universelles qui parlent d’amour, de rĂ©silience, d’identitĂ© et de transmission.
En surmontant les Ă©preuves personnelles et les prĂ©jugĂ©s, elle est devenue un modèle d’inspiration pour une nouvelle gĂ©nĂ©ration de crĂ©ateurs, prouvant que c’est souvent Ă la croisĂ©e des mondes que naissent les plus belles lumières. Son film d’auteur est passionnĂ©ment attendu, car il promet de continuer Ă Ă©clairer avec sensibilitĂ© et courage les recoins les plus intimes et les plus vibrants de l’âme humaine.
Source : Diaspo #408 : La réalisatrice Rachida El Garani transforme la douleur en récit,
La rĂ©alisatrice Rachida El Garani transforme la douleur en rĂ©cit, Rachid, Rachida El Garani: Between A Rock And A Hard Place – Nollywood Reporte